De Delacroix à Paul Klee : souvenirs d’artistes et de photographes voyageurs en Orient

« ILS VONT CHERCHER LEURS SUJETS DANS LES PAYS LOINTAINS, ET LEURS TABLEAUX ONT LE CHARME DES LECTURES DE VOYAGES »

(Charles Baudelaire, Salon de 1846)

La curiosité pour les mondes et cultures extérieurs est caractéristique des Européens. Bien avant le XIXe siècle (les récits autour des Croisades médiévales l’évoquent déjà), le voyage fascine et l’Orient fait rêver tout le XIXsiècle ; les bourgeois sédentaires se complaisent à fantasmer l’ailleurs et les artistes sauront y voir un milieu fertile pour proposer des œuvres sciemment conçues pour exciter cet œil immobile. Les artistes, eux, ont voyagé. Leurs aspirations personnelles qui motivent le voyage sont multiples : l’envie d’ailleurs, le désir d’admirer des beautés décrites par d’autres, la recherche d’un nouveau sujet d’étude pour renouveler sa création. Ils parcourront l’ensemble des territoires qui furent sous domination musulmane, de l’Espagne à l’Inde, du Soudan à la Turquie, incluant l’Algérie, l’Arabie, la Perse, la Terre sainte et l’inévitable Égypte. L’ouverture à l’Extrême-Orient renouvellera l’intérêt des artistes et photographes.

Les peintres voyageurs sont de plus en plus nombreux à chercher une nouvelle atmosphère, une nouvelle lumière, de nouvelles couleurs et de nouveaux modèles ; les Orients contribueront à renouveler leur inspiration et constituent une expérience visuelle déterminante pour de nombreux artistes.

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Cette exposition virtuelle a pour but de montrer comment ces artistes ont perçu l’Orient et quelle image ils en ont donnée.  La peinture, le dessin et la photographie ont cherché à saisir ces Orients aux multiples visages, aux mœurs exotiques qui surprennent où le folklore le dispute au pittoresque. Progressivement des intérêts ethnographiques et documentaires consigneront un Orient plus réaliste ; comme un nouvel objet d’étude scientifique. Avant que des peintres, dits modernes, renouvellent l’approche de l’Orient par des prises de position et des enjeux nouveaux.

Les limites de cette exposition sont les années 1832 et 1914. La première est marquée par le voyage décisif d’Eugène Delacroix en Afrique du Nord qui fut le premier à sublimer tout ce que l’Orient pouvait apporter à un artiste. 1914 est la date du voyage en Tunisie de Paul Klee qui fera basculer l’orientalisme dans la modernité esthétique, sept ans après Kandinsky. Au début du XXsiècle, le motif orientaliste tend à disparaître au profit d’une géométrie ou de l’abstraction ; en mai 1906, Matisse ne déclare-t-il pas la guerre à l’orientalisme lors de son voyage en Algérie ?

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Pour aller plus loin :   
Juhel Françoise et Aubenas Sylvie (dir.), « Voyage en Orient », exposition virtuelle de la Bibliothèque nationale de France : http://expositions.bnf.fr/veo/index.htm

Thornton Lynne, Les orientalistes. Peintres voyageurs 1828-1908, Paris, A.C.R., 1983.

Peltre Christine, L’atelier du voyage, Paris, Gallimard, Le Promeneur, 1995.

Peltre Christine et Amiot-Saulnier Emmanuelle (dir.), L’Orient des peintres, cat. exp. (Paris, musée Marmottan Monet, 7 mars – 21 juillet 2019), Paris, Editions Hazan, 2019.

Peltre Christine, Les Orientalistes (nouvelle édition augmentée), Paris, Hazan, 2018.

Pouillon François (dir.), Dictionnaire des orientalistes de langue française, Paris, Karthala, 2008.

Pinguet Catherine, « Voyages », Portail Bibliothèques d’Orient, Bibliothèque nationale de France ; en ligne : http://heritage.bnf.fr/bibliothequesorient/fr/voyages